Si durant ces dernières décennies, la prépondérance du ciment sur le marché de la construction est un fait établi, on voit pourtant réapparaître des méthodes traditionnelles comme celle de l'utilisation de la chaux. Grâce à la conservation de documents anciens mais surtout à l'existence de petits îlots d'artisans détenteurs de cette tradition orale, il est encore possible aujourd'hui de préparer une série de produits spécifiques susceptibles de répondre au besoin de la construction actuelle et de la restauration.

La nature de la chaux diffère selon la qualité des roches extraites, d'où un échantillonnage qui va des calcaires les plus purs donnant des chaux grasses ou aériennes jusqu'à des calcaires argileux donnant des chaux maigres dites hydrauliques. Si le choix de nos ancêtres en la matière était limité à la proximité de carrières locales, aujourd'hui grâce à la connaissance approfondie des aspects chimiques et physiques du matériau et à la facilité de sa distribution, on peut largement exploiter toutes ses qualités et ses performances esthétiques et techniques.

Ainsi est apparu sur le marché toute une gamme de produits isolants, déshumidifiants, consolidants, assainissant à base de chaux hydrauliques naturelles venant compléter les mortiers et les peintures minérales aux douces colorations naturelles de terres et d'ocres, redonnant à nos intérieurs la chaleur et le charme tant recherchés actuellement.

Dans le cadre de la restauration de bâtiments anciens comme ceux du béguinage de Hoogstraten dont nous avons parlé dans l'article précédent, l'usage de la chaux est un choix des plus adéquats. Il répond tout d'abord à un maintien de la tradition, pratiquant une technique originellement usitée mais aussi aux exigences du bâti ancien qui diffère du mode de construction actuel.

En effet, la continuité des fondations et des murs sans étanchéité, pratiquée auparavant, conduit inévitablement à l'infiltration d'humidité. Alors que le ciment par son imperméabilité va contenir l'humidité qui s'accumulera dans le mur, un enduit à la chaux par sa capacité d'évaporation résorbera progressivement et de manière continue le problème. De plus les anciennes constructions par l'emploi de pierres, de moellons et de mortiers de chaux sont sensibles aux déformations. Le cimentage de leurs murs étant d'une résistance supérieure provoquera à terme l'apparition inévitable de fissures. L'enduit à la chaux plus souple suivra le mouvement du bâtiment et formera seulement un réseau de micro-fissures imperceptible à l'oeil nu. Notons que ces qualités de porosité et d'élasticité des mortiers et enduits à base de chaux hydraulique naturelle peuvent également être recherche dans des constructions récentes. En plus de ces vertus curatives, on attribue à la chaux des qualités d'isolation thermique, tant appréciées dans nos régions.

Aujourd'hui, grâce à l'acharnement de spécialistes et d'artisans, l'utilisation de la chaux dans le monde de la construction et de la rénovation, n'a pas sombré dans l'oubli. Progressivement, sans pour autant supplanté les ciments, enduits et peintures synthétiques, les chaux et leurs produits dérivées reprennent du panache, cette fois immanquablement enrichie de toute la connaissance scientifique nécessaire.

Quelques illustrations de l'usage de la chaux.